Histoire

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Histoire du Trapèze des Mascareignes

Trapeze des Mascareignes ©2020

Le Trapèze des Mascareignes regroupe cinq pays avec des identités, des cultures et une histoire différentes. Cependant, ces pays ont tous été marqués par l’occupation française et liés par la francophonie.

Un peuplement récent dans le Trapèze des Mascareignes

Madagascar est l’île la plus anciennement peuplée du Trapèze des Mascareignes. Malgré sa proximité géographique avec le continent africain, la principale origine des populations malgaches n’est pas africaine mais austronésienne, c’est-à-dire issue d’Indonésie. L’arrivée de ces populations date certainement du début du premier millénaire. Elle a laissé des traces visibles dans l’ADN des Malgaches, mais aussi et surtout dans la culture malgache. Ainsi, la langue malgache compte plus de 90% de mots austronésien !

Les Comores sont les seules représentantes de la population africaine. En effet, leur population semble être d’origine swahili et aurait colonisé les îles vers le VIIIe siècle. D’autre part, les populations comoriennes semblent avoir toujours été en contact avec les populations malgaches.

Les autres îles du Trapèze des Mascareignes ont dû attendre les Grandes Découvertes européennes du XVIe siècle et l’expansion coloniale française pour être effectivement peuplées. Ainsi, les premiers habitants des Seychelles sont… des pirates !

L’installation française

Les Français souhaitent dès le XVIe siècle établir des comptoirs dans le Trapèze des Mascareignes, idéalement situé sur la route maritime qui relie l’Europe à l’Inde. En effet, les navires de commerce qui passent dans la région ont besoin de points de chute sûrs leur permettant de se ravitailler avant ou après la traversée éprouvante de l’Océan indien.

C’est pourquoi les Français tentent d’abord de créer un comptoir à Madagascar, notamment du côté de Fort Dauphin au sud-est de l’île. Ces tentatives échouent face à la résistance des Malgaches. Les Français s’installent alors à La Réunion (île Bourbon) et à Maurice (île de France), d’où sont partis les Hollandais qui s’y étaient installés quelques temps auparavant. C’est au XVIIIe siècle que les Français s’installent durablement aux Seychelles et à Rodrigues.
La domination française, via la Compagnie des Indes orientales, est très forte dans le Trapèze des Mascareignes au XVIIIe siècle. Cette domination s’accompagne de l’instauration de l’esclavage pour des cultures de plantation, notamment de café. Les esclaves viennent de toute la zone de l’Océan indien : Afrique de l’Est, Madagascar et aussi Inde. Cela explique les origines d’une grande partie de la population actuelle des îles du Trapèze des Mascareignes.

La domination anglaise

Au cours des guerres napoléoniennes du début du XIXe siècle, les Anglais conquièrent les îles françaises du Trapèze des Mascareignes. Ils occupent ainsi Rodrigues, Maurice, La Réunion et les Seychelles.
Lors du traité de Paris en 1814, la rétrocession de La Réunion à la France est décidée, mais les autres îles restent anglaises jusqu’à leur indépendance dans les années 1960. Aujourd’hui, les Seychelles et Maurice sont des républiques, tandis que Rodrigues, dépendante de Maurice, jouit d’un statut d’autonomie depuis 2002.
La Réunion, quant à elle, est devenue un département français d’outre-mer en 1946.

Le XIXe siècle, siècle de la colonisation

Photo du sultan Andriantsoly
Andriantsoly, monarque malgache et mahorais

Les quatre îles de l’archipel des Comores n’étaient pas unies aux XVIIIe et XIXe siècle. Ces divisions causent la vente de l’île de Mayotte à la France par le sultan Andriantsoly en 1841. Il espère ainsi la protéger des velléités comoriennes et malgaches.
Ces mêmes divisions causent néanmoins une grande instabilité dans les Comores, qui passent sous protectorat français en 1886. Les îles comoriennes sont alors dirigées à partir de Mayotte, puis à partir de Madagascar.

En effet, les Français, qui posent le pied à Madagascar dès 1643, colonisent la grande île du Trapèze des Mascareignes à la fin du XIXe siècle, après une dizaine d’années de combats, qui font peu de morts dans l’armée française. La plupart des victimes, un peu moins de 5000 hommes, sont de fait morts de maladies tropicales. Ainsi, Madagascar demeure sous administration française de 1896 à 1958, avant d’accéder à l’indépendance en 1960.

Par ailleurs, les Comores accèdent de leur côté à l’indépendance en 1975. Cependant, la population de Mayotte décide de rester dans la république française. Après le référendum de 2011, Mayotte devient le deuxième département français du Trapèze des Mascareignes, et 101e département français.

Une histoire marquée par l’esclavage

L’esclavage est un fait historique majeur dans les îles du Trapèze des Mascareignes. Il est à l’origine d’une grande partie de la population des îles des Seychelles et de l’archipel des Mascareignes.

Très ancien à Madagascar et aux Comores, l’esclavage est instauré dès l’installation des premiers Français aux Seychelles et dans les Mascareignes. Le XVIIIe siècle est le théâtre d’une intense traite entre l’Afrique, Madagascar, l’Inde et les îles de l’archipel des Mascareignes.

Le Morne, site culturel classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, témoigne de ce passé.

À la fin du XVIIIe siècle, les mouvements anti-esclavagistes s’intensifient en Angleterre, et dans une bien moindre mesure, en France. La guerre commerciale qui oppose l’Angleterre et la France dans l’Océan indien pousse les pays à ralentir la traite, puis très progressivement à l’interdire.
Aussi, une première abolition de l’esclavage est prononcée en 1796, après le décret de la convention de 1794, mais cette abolition n’a jamais été appliquée dans les Mascareignes et Napoléon décide du rétablissement de l’esclavage en 1802.
C’est pourquoi il faut attendre le premier tiers du XIXe siècle pour que l’esclavage soit aboli, d’abord à Maurice et Rodrigues en 1835, puis aux Seychelles en 1836 et enfin, à La Réunion en 1848.

Après l’abolition de l’esclavage, les colons, notamment de Maurice et de La Réunion, font appel à une nombreuse main d’oeuvre engagée, originaire d’Inde, dont les conditions de vie et de travail rappellent fortement celles des esclaves. L’engagisme est à l’origine des minorités indiennes très présentes dans les Mascareignes.